Un exemple de lucidité technologique
1On le sait, dès qu’on a deux formats, il y a une guerre des formats et ça fait longtemps que ça existe… on n’a qu’à penser à la guerre VHS vs. Betamax, HD-DVD vs. Bluray et maintenant Flash vs. HTML5.
Certaines personnes essaient de profiter d’une avance technologique qui leur a servi pendant plusieurs années où le web était pratiquement dans un coma profond pour s’implanter dans pratiquement tous les ordinateurs du monde et ces mêmes personnes veulent que ça continue. On peut comprendre le côté affaire de la décision, vu qu’ils ont mis beaucoup d’investissement dans cette technologie, mais il faut se rendre à l’évidence. Lorsque ce que l’on fait n’est pas bon, il faut retourner à la planche à dessin et revenir avec une meilleure idée qui elle pourra fonctionner. Pas tenté de brouillé les esprits en avançant des propos vagues et imprécis en réponse à une accusation védique et bien démontrée.
Non, je ne suis pas un fanboy d’Apple, mais je sais reconnaître quand une technologie à atteint ses limites. Flash c’était bien quand le web était statique et vide d’interactivité. Aujourd’hui, nous avons des technologies qui permettent de réaliser une interactivité tout aussi prenante et en respectant des standards qui ne sont pas établis par une corporation à profit. C’est vrai que certaines corporations supportent les standards, tels Apple et Mozilla, mais leur effort est dirigé vers une simplicité de support des différentes technologies. S’il y a trop de technologies disparates pour faire le même travail, on ne sera guère mieux avancé que lorsqu’Internet Explorer était le navigateur de facto sur tous les ordinateurs.
Flash aujourd’hui
Et que dire des limites du Flash avec les besoins du jour? Flash ne fonctionne pas complètement sur les pavés tactiles pour la simple et très bonne raison qu’il a été pensé pour une souris. Bon nombre des applications/applet Flash utilisent le déplacement de la souris pour générer certains évènements sur l’écran et comme on ne peut pas déplacer un doigt devant un écran sans lui touché, on ne peut pas gérer ces évènements et donc, un grand nombre d’applications ne fonctionneront plus.
Au niveau des plantages sur Mac OS que Steve Jobs rapporte, je l’expérimente chaque semaine. Rien de l’ordre d’un « BSoD » de Windows quand même, mais mon navigateur gèle pendant plusieurs minutes avant de réaliser que Flash est planté. Ça par contre, c’est facilement réparable par Adobe et ils devraient sincèrement s’y mettre. Mais là où Steve à raison, c’est l’exécution de Flash sur les téléphones intelligents qui est quasi-inexistante. Cela plusieurs années qu’on entend parler de FlashLite, et je n’ai encore vu aucune adaptation efficace du standard sur des téléphones « mainstream ». Souvent sur des démos technologiques, oui, mais jamais sur un téléphone populaire. Steve à peut-être raison sur la consommation de la batterie, et les ressources nécessaires pour faire exécuter le tout, mais c’est à Adobe de démontrer que Flash (complet) fonctionne avec des téléphones existants sur le marché. Sans quoi, c’est difficile à croire.
HTML5, les possibilités
Avant le dernier keynote d’Apple sur l’iPhone OS 4.0, beaucoup ne croyait pas que le HTML5 pouvait être à la hauteur des attentes en terme d’interactivité ou comme Steve l’a posé, en terme d’émotivité. Apple a développé iAd, une plateforme hautement interactive qui ressemble exactement à une application Flash, mais totalement écrite en HTML5. Éléments graphiques, vidéo, musicaux et même des jeux embarqués dans une publicité sont désormais possibles avec iAd. Le Flash était nécessaire pour des publicités animées et interactives jusqu’à ce jour. Mais plus maintenant.
Et si votre navigateur supporte toutes les technologies derrière HTML5, vous pouvez prendre plein pouvoir des technologies suivantes:
- Fils d’exécution (thread) nommés Web Worker qui permettent d’exécuter une tâche complexe en arrière-plan
- Éléments audio et vidéo. Un simple tag HTML qui permet au navigateur de lire et montrer de l’audio et du vidéo sans nécessiter de plug-ins
- Canvas. Un canevas sur lequel on peut dessiner n’importe quoi, même un jeu interactif.
- Cache d’application. On peut garder en mémoire de données et permettre de travailler hors-ligne, même pour les applications web
- Bases de données. Embarquer des bases de données de type SQL directement dans votre navigateur.
- Géolocalisation. Votre navigateur saura détecter où vous vous trouver et passer l’information au site web visité.
- Gestion avancée du drag-and-drop.
Et ils y a encore beaucoup d’idée dans la tête des développeurs du standard HTML5 et à mesure que les mois passent, de plus en plus de ces fonctionnalités sont support par les navigateurs principaux, tels Firefox, Chrome, Safari et Opera. Beaucoup de ses fonctionnalités n’étaient réservées qu’au Flash avant, mais maintenant on peut réellement se débarrasser de Flash.
La lucidité
Dans l’actualité technologique de la semaine dernière, on a appris de la bouche du CTO de Scribd, un hébergeur de documents en ligne, qu’il mettait carrément 3 longues années de développement Flash à la poubelle et qu’ils migrent à la plateforme HTML5. Un coup risqué, mais surtout très lucide. Jared Friedman a compris le message que le future de sa plateforme, présentement dépendante à l’installation d’un plug-in, passe dorénavant par la migration vers un format unique et standard. Il leur faudra certe une bonne quantité de développement, mais c’est aussi un geste très intelligent de la part de Scribd. On peut y voir qu’ils ont pris un certain recul sur leur produit et que pour éviter l’échec, il leur faut reconsidérer la plateforme et aller de l’avant.
Bravo.